Classes prépas : "Les prépas ne sont plus élitistes !"

Classes préparatoires - Interview de Sylvie Bonnet, la nouvelle présidente de l’union des professeurs de spéciales (UPS), elle défend le système des prépas aux grandes écoles

Classes prépas : "Les prépas ne sont plus élitistes !"

    Sylvie Bonnet, la nouvelle présidente de l’union des professeurs de spéciales (UPS), est la première femme à ce poste. Professeure de mathématiques, elle défend le système des prépas aux grandes écoles, au moment où les jeunes se détournent des sciences et que les effectifs dans cette filière sélective demeure très stables.

    Le nombre d’élèves en classe préparatoire est stable. Les prépas sont-elles encore un modèle d’excellence ?

    Dans un contexte de désaffection des études scientifiques, les classes préparatoires maintiennent leurs effectifs parce qu'elles attirent des publics variés. Entre les jeunes qui viennent par goût des sciences, ceux qui sont attirés par un cursus qui débouche sur des emplois à niveau de responsabilité et de compétences élevé, ceux qui voient dans ces deux années de préparation très encadrées une entrée rassurante dans l'enseignement supérieur, nos classes accueillent des bacheliers de bon niveau, mais elles n'ont plus le côté élitiste qui était justement reproché à leur mode de recrutement. Réserver le meilleur taux d'encadrement à quelques bacheliers triés sur le volet ne serait tout simplement pas cohérent. Cette évolution ne nous empêche pas de maintenir un fort niveau d'exigence. Nous attendons de nos étudiants qu'ils se consacrent à leur formation. S'ils le font avec honnêteté, les compétences qu'ils acquièrent dans leurs années préparatoires les accompagneront tout le long de leur cursus et tout le long de leur carrière. C'est sur ce point que pouvons revendiquer l'excellence, sur des méthodes de travail qui ont fait leurs preuves. Un signe qui ne trompe pas : la marque « prépa » fleurit dans le paysage de l'enseignement supérieur, autour des facultés de médecine par exemple, où elle se paie quelquefois cher ! Les classes préparatoires aujourd'hui, c'est la quête d'excellence sans l'élitisme.

    Pourquoi les jeunes se détournent-ils des sciences, les filles en particulier ?

    C‘est un mystère pour moi, tant je vois d’excellentes raisons pour eux de se tourner vers les sciences ! Mais ces raisons ne sont perceptibles qu'a posteriori, une fois engagé dans un cursus scientifique. Les décisions d’orientation sont prises bien en amont. Elles sont le fruit d’un processus de construction personnelle démarré très tôt, et qui a besoin de modèles forts sur lesquels se projeter quand on est encore écolier, puis adolescent. Où est la science dans les modèles de réussite de vie que notre société renvoie à ses jeunes ?

    Où en est la science dans les programmes du primaire, du collège, et même de la filière S du lycée ?

    Si vraiment notre économie a besoin de cadres scientifiques pour relever les défis du futur, tout doit être fait pour recréer une véritable filière scientifique au lycée, valoriser les carrières scientifiques dans nos entreprises et nos organismes de recherche, faire revenir nos jeunes docteurs expatriés. Les médias doivent accompagner cette révolution économique et aider au passage de l'économie de la finance à la réconciliation avec les sciences. Quant aux filles, leur part dans la communauté scientifique ne bouge pas depuis trente ans, surtout dans les carrières les plus valorisantes. Des associations très actives multiplient les actions d'information et d'incitation par l'exemple auprès des filles. Mais les stéréotypes ont la vie dure. Il est pourtant un domaine de l'enseignement supérieur où les femmes ont trouvé leur place, de façon très spectaculaire, dans la dernière décennie : les études médicales. Analyser les raisons de cette évolution donnerait sans doute des pistes à l'institution pour relayer l'action des associations sur ce terrain. Mais là aussi, il faut une volonté politique.

    Le système prépas est-il compris hors de France ?

    Les classes préparatoires ne sont pas diplômantes. Elles sont une composante d'un système inscrit dans l'enseignement supérieur européen. Nos étudiants sont crédités en ECTS au même titre que les étudiants allemands, finlandais ou italiens. A la fin du cycle Licence, dont ils effectuent la troisième année à l'université ou en école d'ingénieurs, ils sont nombreux à se diriger vers des cursus internationaux. Même s'ils n'entrent pas dans un double cursus, tous sont très vivement encouragés à faire des stages longs à l'étranger. Et s'ils le souhaitent, ils trouveront leur premier emploi au-delà de nos frontières. Oui, le système est reconnu hors de France. D'ailleurs les prépas s'exportent : le Maroc, la Tunisie, ont depuis de longues années leurs propres classes préparatoires. La Chine s'est lancée en 2008. Il y a actuellement plus de 1000 étudiants en classes préparatoires scientifiques à Pékin, Tianjin, Zhuhai et Shanghai, et ce nombre est destiné à augmenter.

    On parle d’égalité des chances, vos prépas sont-elles diversifiées ?

    C'est une question qui nous tient à cœur. Nous en avions fait le thème d'un colloque en 2002. Nous multiplions les actions d'information auprès des lycéens, nous sommes associés aux dispositifs des "cordées de la réussite", au contact des Régions sur les problèmes d'accès à l'internat. Il faudrait donner plus de visibilité à la réalité de la diversité en classes préparatoires. Invitez-la dans vos colonnes! Tout est bon pour aider à lutter contre l'autocensure qui limite certains jeunes dans leur accès aux formations supérieures.

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    Propos recueillis par Gilbert Azoulay

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