Covid-19. Cours en prétentiel ou à distance : une rentrée hybride

Sur fond de fermetures soudaines de certains campus, l'enseignement à distance est devenu le sujet n° 1 de l'enseignement supérieur. Pour longtemps ?

Covid-19. Cours en prétentiel ou à distance : une rentrée hybride

    Par Nicolas chalon

    La rentrée a tout d’explosif. La recrudescence du virus, conjuguée au retour de milliers d’étudiants sur les campus, a déjà provoqué des clusters et pour certains établissements, des fermetures : Sciences Po Reims et Lille, universités de Poitiers, Bordeaux, Nice, Aix-Marseille, etc. Difficile de savoir combien de temps n’importe quelle formation pourra rester ouverte. Dès lors, un sujet est sur toutes les lèvres : l’enseignement en ligne.

    Des formations à distance, l’Université Paris-Nanterre en propose depuis plus de 50 ans. « Nous avons connu les cours par voie postale, radio, CD-ROM, Internet… », relate François Regourd, vice-président Initiatives pédagogiques et numériques. Mais si le RER A qui mène à Nanterre est moins rempli que d’habitude, c’est que le e-learning a franchi un nouveau stade. « Nous opérons un roulement, avec maximum 50 % des étudiants présents sur site en même temps », explique-t-il. Seule manière de respecter la distanciation physique, « mais aussi d’assumer une responsabilité plus large, en préservant les usagers des transports en commun et les riverains d’un afflux quotidien de 30 000 étudiants. »

    Sur place ou à distance

    Phygitale, comodale, multimodale, mixte, hybride, autant de termes nouveaux qui racontent la même histoire, celle d’une rentrée 2020 bien différente des autres. Solution choisie par la plupart des établissements : séparer les classes en deux. Le premier groupe sera présent une semaine, quand les autres suivront à distance, avant d’inverser. « Cela chamboule l’organisation », concède Pierre Grégé, directeur du développement de Next-U Education Group, qui rassemble cinq écoles dont l’Escen, école de commerce, ou encore Webtech Institute pour le numérique. Pour y parvenir, les écoles doivent distinguer les enseignements. « Le confinement a montré que la partie théorique peut être délivrée aussi efficacement en ligne. En revanche, pour la partie

    pratique, la présence physique nous semble irremplaçable. » De même pour tout ce qui constitue la fameuse « expérience étudiante » promise par les écoles, dont l’équilibre est ténu et les moyens à déployer trop importants pour certaines structures.

    « Nous pouvons être fiers du travail accompli. Jamais nos cours ne se sont arrêtés »

    - Pierre Grégé, Next-U Education Group

    Vers un nouveau modèle

    « Nous travaillons depuis longtemps sur le sujet et proposions déjà certains enseignements en ligne », souligne Valérie Fernandes, doyenne de la faculté d’Excelia Group, à La Rochelle et Tours, qui utilise une autre appellation, HyFlex, pour définir ce modèle d’études hybride et flexible. « Il est vrai, qu'aujourd’hui, un cap a été franchi, » reconnaît-elle.

    Pour un groupe comme Excelia, qui compte près de 30 % d’étudiants internationaux dans ses rangs, l’hybridation était un passage obligé. Si certains d’entre eux ont pu rejoindre la France, beaucoup suivront leurs premiers mois d’études depuis leur pays d’origine et rencontreront leurs camarades par chat interposé, en attendant de les rejoindre.

    Quelles limites ?

    Le confinement a vu l’enseignement passer entièrement en ligne en moins de deux semaines, parfois quelques jours. « Nous pouvons être fiers du travail accompli. Jamais nos cours ne se sont arrêtés. Mais la période a aussi permis de montrer que le e-learning n’était pas optimal pour toutes les disciplines, ni toutes les personnalités », estime Pierre Grégé. Convaincant pour les matières scientifiques, « où les étudiants ont même gagné quelques points », il l’est bien moins pour d’autres domaines, la négociation, par exemple, « où la dimension physique, voire théâtrale, demeure incontournable », selon lui.

    Même constat dans les formations axées sur la pratique, dans lesquelles la présence a terriblement manqué. « Nous ne voyons pas le futur de notre enseignement à distance. Nous voulons de la présence ! », plaide Kévin Gueneguan, président de AD Education, groupe qui compte plus d’une douzaine d’écoles à dominante créative, comme l’ECV Digital, l’École supérieure du parfum, l’École de Condé (design), etc.

    Le groupe a donc aménagé ses espaces et opté pour le présentiel. Du moins, tant que la situation sanitaire le permet. « Nous espérons pouvoir rester ensemble le plus longtemps possible, mais nous restons prêts à basculer à tout moment, » conclut-il.

    Le chiffre :

    98,5 % des étudiants dans le monde ont vu leur établissement fermer au cours de la pandémie Source : Unicef, 2020

    « J’ai choisi de ne pas retourner sur le campus cette année »

    Témoignage de Maxence Fossat étudiant en master 2 Cybersécurité à Efrei Paris

    Vous allez faire votre master 2 entièrement à distance. Pourquoi ?

    Il y a plusieurs raisons. D’une part, j’étudie la cybersécurité et l’Efrei propose justement un cursus en distanciel qui me correspond. D'autre part, il y a aussi les risques sanitaires, sans parler de la sensation, assez désagréable, de porter un masque toute la journée…

    Étudier toute une année de chez vous, cela ne vous fait pas peur ?

    Mon choix est aussi dû à l’organisation du master 2. Celui-ci se termine par un stage de 6 mois ; il compte aussi deux jours par semaine consacrés à notre projet de fin d’étude. Mis bout à bout, le nombre de jours de cours n’est pas si important.

    Quels sont, selon vous, les avantages du e-learning ?

    Déjà, le gain de temps à ne plus faire d’allers-retours entre le campus et chez soi rend la vie plus simple et fluide. Je peux même imaginer aller vivre quelques mois à l’étranger, en emportant simplement mon ordinateur, ou sortir de Paris quelques jours ! D’un autre côté, il est vrai que la concentration est plus difficile à maintenir en ligne car on est tenté de faire plusieurs choses à la fois. C’est une discipline à acquérir. Mais en master 2, nous sommes censés être autonomes.

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