Fiche Métier : Gestionnaire de paie, un cursus apprécié des recruteurs

L’évolution constante du droit social fait émerger des formations initiales consacrées à la paie. Objectif : pallier la pénurie de professionnels spécialisés. D’où l’émergence de formations initiales dédiées.

Fiche Métier : Gestionnaire de paie, un cursus apprécié des recruteurs

    Difficile de détailler tous les éléments qui influent sur un bulletin de salaire : taux de cotisations, temps de travail, avantages en nature, congés…

    Depuis quelques années, l’établissement de la paie s’est complexifié, compte tenu notamment de l’évolution permanente du cadre légal. D’où l’émergence de formations initiales dédiées.

    «En France, la paie est un millefeuille qui ne peut pas être appris lors d’un seul enseignement théorique»

    , estime Patrick Humbert, responsable du développement du CIEFA à Lyon (Rhône), centre de formation en alternance du groupe IGS.

    Il supervise la licence pro gestionnaire de paie, ouverte aux étudiants mais effectuée en contrat de professionnalisation. Certaines écoles proposent ce type de cursus en alternance (l'IGEFI à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine par exemple).

    La plupart des étudiants ont en poche un bac + 2/3 en gestion et administration des entreprises, en droit ou en ressources humaines.

    En parallèle, quelques universités ont aussi investi cette filière. Ainsi, l'université Montpellier I (Hérault), avec sa licence pro gestion de la paie et du social, ou la faculté d'économie de Grenoble (Isère), avec une licence pro gestion des ressources humaines, spécialité gestion des ressources humaines et paie.

    C'est également le cas de Paris Ouest Nanterre La Défense (Hauts-de-Seine) qui a créé en octobre 2006 une licence pro gestion des rémunérations.

    Son initiatrice, Marie-Christine Bazin, explique : «Nous répondons à une forte demande des entreprises car la paie est de plus en plus compliquée à établir pour des non-spécialistes». Une trentaine d'étudiants sont formés chaque année avec cette licence.

    Deux grands axes sont privilégiés lors de ces formations. Le droit social, qui représente la matière de base de tout bon professionnel, mais aussi les techniques de la paie proprement dites (établissement du bulletin, connaissance des logiciels).

    «En plus de maîtriser ces compétences, il faut des qualités de rigueur, un bulletin de paie devant toujours être juste et les déclarations aux organismes sociaux ne souffrant aucune erreur»

    , ajoute Marie-Christine Bazin.

    L’intérêt pour les chiffres, ainsi que la confidentialité, sont également appréciés selon Patrick Humbert. Lequel déplore néanmoins qu’il demeure encore difficile aujourd’hui d’attirer les étudiants vers ce type de cursus car ils sont souvent rebutés par un futur métier vu — à tort — comme aride et répétitif.

    Or, les entreprises sont à l'affût de jeunes diplômés bien formés. Ce que confirme Noémie Jolou, consultante chez Compt Intérim Paris, cabinet spécialisé dans les fonctions de gestion et de la paie : «Il existe une pénurie de professionnels sur le marché, d'autant plus que ce n'est pas un métier forcément valorisé».

    De fait, l’intégration professionnelle des étudiants est particulièrement forte : entre 80% et 100% dès l’obtention du diplôme, selon les responsables pédagogiques interrogés.

    Les jeunes gestionnaires de paie trouvent rapidement un emploi au sein des cabinets d’experts-comptables, qui ont développé des pôles spécialisés, dans les sociétés gérant les paies externalisées (ADP par exemple) ou parfois au sein des départements ressources humaines des grandes entreprises ou de grosses PME.

    Le tout pour un salaire annuel de départ qui tourne autour de 25000 € brut.

    Angélique VIDAL,
    32 ans, gestionnaire de paie au sein du cabinet MBW, Chaville (Hauts de Seine)

    Elle est de la génération d’avant les formations initiales dédiées. Avec une maîtrise en droit social puis une spécialisation en ressources humaines, elle décide rapidement de s’orienter vers la paie.

    «Je me suis dit que la meilleure application de ce que j’avais appris en droit social, c’était de travailler dans ce domaine au sein d’un cabinet d’expert-comptable»

    , se souvient Angélique Vidal.

    Depuis 2006, elle a connu trois employeurs et s’est formée in situ sur les logiciels et sur les techniques proprement dites, tout en apportant ses compétences juridiques essentielles.

    Pour le cabinet MBV, en région parisienne, elle gère les comptes d’une quarantaine de clients. Angélique Vidal établit, chaque mois, environ 300 bulletins de paie et se doit de maîtriser une dizaine de conventions collectives allant de la restauration au bâtiment, en passant par la pharmacie ou la publicité.

    «Il y a des particularités au niveau des congés, des remboursements de frais ou de la maladie qu’il faut prendre en compte»

    , précise-t-elle.

    Une multiplicité de cas qui fait le sel de sa fonction. La trentenaire tient à battre en brèche l'image un brin austère qui colle à son métier : «Rien n'est automatique, il y a chaque mois quelque chose de nouveau. Ne serait-ce qu'avec l'évolution constante du droit, je ne m'ennuie jamais !».

    Elle parle également des cas uniques qu’il faut savoir traduire sur la fiche de paie, comme celui d’une salariée appelée comme jurée ou celui d’un autre, malade durant ses congés payés.

    Angélique Vidal reconnaît toutefois la pression qui pèse sur ses épaules, notamment en fin de mois lorsqu’elle doit établir l’ensemble des bulletins pour ses clients, répondre aux questions et demander des éclaircissements sur les éléments transmis.

    Elle gagne actuellement 33 000 € brut par an et espère un jour évoluer vers un service de ressources humaines d’une grande entreprise.

    Dossier réalisé par Manuel JARDINAUD

    Article paru dans Le Parisien Économie du lundi 16 janvier 2012

    En savoir plus

    A lire

    - «Fonctions RH: politique,métiers et outils des ressources humaines»,de Maurice Thévent,Cécile Dejoux, Anne Françoise Bander, Eléonor Marbot et François Silva, Pearson

    Education,2009 (3e édition à paraître en2012),504 pages.42€.

    - «Les Métiers des ressources humaines», d'Auriane Vigny,Stéphanie Salti et Sabine Fosseux,Studyrama,2010,160pages.11,95€.

    - «Les Métiers de la gestion, de la comptabilité et des ressources humaines»,Onisep,2010,

    112 pages.12€.

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