Le journaliste pigiste : quel statut, quels droits ?

Le pigiste est un journaliste salarié payé à la tâche. Un mode de paiement particulier qui se distingue du salaire mensualisé, qu’il faut bien connaître pour faire respecter ses droits.

Le journaliste pigiste : quel statut, quels droits ?

    Qu'elle concerne les étudiants, les jeunes travailleurs, ou les journalistes expérimentés, la « pige » est une étape quasiment incontournable dans le journalisme. Ce terme désigne un mode de rémunération et non pas un métier.

    Pigiste : la présomption de salariat

    Historiquement, le pigiste était un journaliste indépendant lié à l'entreprise par un contrat de louage d'ouvrage ou d’entreprise. Sa situation a évolué en 1974 avec la loi Cressard, qui lui reconnaît notamment le statut de journaliste professionnel, et la présomption de salariat,, prévue à l'article L761-2 du Code du travail pour les journalistes. Cette disposition prévoit en effet que toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel, est présumé être un contrat de travail, peu importe le mode et le montant de la rémunération ainsi que la qualification donnée par les parties.

    Dès lors que le journaliste pigiste exerce sa profession à titre principal, régulier et rétribué et qu'il en tire l'essentiel de ses revenus, il est donc considéré comme journaliste professionnel, et bénéficie de la présomption de salariat.

    Le journaliste pigiste répond à des commandes et exerce donc son activité sous la responsabilité d’un rédacteur en chef ou d’un chef de rubrique, ce qui caractérise le lien de subordination, et établit sa qualité de salarié. D'autant plus que la jurisprudence en la matière est très exigeante pour le renversement de cette présomption : le seul fait de répondre à une commande permet de caractériser le lien de subordination.

    Pour écarter le statut de salarié, l’entreprise doit démontrer que le journaliste qui lui fournit des articles « travaille en toute indépendance, sans recevoir ni directive, ni orientation ».

    Pigiste : l'exclusion du statut d'auto entrepreneur

    Dans tous les cas, cette présomption de salariat exclut la possibilité pour le journaliste d'exercer son activité sous le statut de micro- entrepreneur. Un journaliste qui accepte de se faire payer en facture perd sa carte de presse, ou la possibilité de l’obtenir s’il débute dans le métier, ainsi que tous les droits qui sont attachés au statut de salarié, en vertu de la convention collective des journalistes. Il convient donc de refuser ce statut, tout comme le paiement en droits d’auteur, parfois proposé voire imposé par certaines entreprises de presse, en toute illégalité.

    Pigiste : la modification de la relation de travail

    Le statut du journaliste pigiste est précaire, et il peut se trouver désarmé face à une baisse de son volume habituel de piges ou à la suppression de la relation de travail. Il convient dans ce cas de distinguer le statut de collaborateur pigiste régulier et celui de journaliste pigiste occasionnel. La jurisprudence décide en effet que si l'entreprise n'a aucune obligation de fournir du travail au journaliste pigiste occasionnel, la fourniture de travail à un journaliste pigiste de manière régulière et pendant une longue période créé une obligation envers l'entreprise de continuer à fournir du travail à ce pigiste régulier. Dans ce cas, l'interruption de la relation de travail se traduira par un licenciement. Le pigiste régulier a droit à des indemnités de licenciement, qui seront calculées sur la base de 1/12e des salaires perçus les 12 derniers mois ou de 1/24 des salaires perçus les 24 derniers mois précédant le licenciement.

    Pigiste : les droits du journaliste pigiste

    La pige n’est pas un métier mais un mode de paiement. Les conditions de travail du journaliste pigiste sont prévues par les articles L7111-1 et suivants du Code du travail, qui s'appliquent aux « journalistes et assimilés », et par la convention collective nationale des journalistes.

    La jurisprudence considère que le journaliste pigiste a droit à l’application de la prime d'ancienneté. En revanche, l'employeur n'a d'obligation de payer le 13e mois au journaliste pigiste qu'à l'issu de trois collaborations avec l’entreprise, ou lorsque le salaire a atteint au moins trois fois le salaire mensuel correspondant au barème applicable à l'entreprise de presse.

    Par ailleurs, le pigiste doit impérativement recevoir une fiche de paie sur laquelle doit figurer plusieurs mentions obligatoires relatives à la rémunération, à l'entreprise et au journaliste.

    A défaut, il peut saisir l'inspection du travail.

    Au même titre que les journalistes permanents, le journaliste payé à la pige bénéficie des clauses de cession et de conscience, qui lui permettent de mettre fin au contrat de travail en cas de changement notable dans le caractère ou l'orientation de la publication susceptible de porter atteinte à ses droits moraux. Dans ce cas il a droit aux indemnités prévues en cas de licenciement d’un journaliste.

    Pigiste : le droit d’auteur du journaliste pigiste

    L'article L111-1 alinéa 3 du Code de la propriété intellectuelle précise que le statut de salarié ne prive pas l'auteur d'une œuvre de ses droits d'auteurs sur celle-ci. Le journaliste pigiste, au même titre que les journalistes permanents, dispose donc d'un droit d'auteur sur ses articles qui constituent des œuvres de l'esprit. Le régime du droit d'auteur des journalistes a été réformé par la loi HADOPI du 12 juin 2009. Ainsi, les droits patrimoniaux du journaliste sur son œuvre sont cédés, à titre exclusif et pour tous les supports, à l'entreprise de presse en contrepartie de la rémunération du pigiste. Au delà d'une période définie par convention collective, le journaliste percevra une rémunération complémentaire, sous forme de droit d'auteur ou de salaire, pour toute nouvelle exploitation de son article. Le journaliste a en revanche seul le droit de réunir ses articles et discours en recueil et de les publier ou d'en autoriser la publication, à condition de ne pas concurrencer le titre de presse. Le journaliste conserve en outre son droit moral sur ses articles, comprenant notamment le droit à voir son nom mentionné sur le cliché ou l'article publié.

    Cet article est proposé en partenariat avec LegaLife : site proposant un accompagnement juridique simple et accessible aux TPE/PME et aux particuliers. Cette solution permet à leurs membres de gagner du temps et d'économiser de l'argent face à leurs problématiques juridiques.

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    L'Ecole Multimedia
    Arts / Audiovisuel / Design
    Paris
    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1
    IÉSEG School of Management
    Commerce / Gestion / Management
    Lille