Doctorat. Après un Master : avez-vous pensé à la recherche ?

Débats et polémiques ont fait de la recherche l’une des stars de 2020. Pourtant, peu d’étudiants se tournent vers cette solution déjà professionnelle.

Camilo L., photographe colombien, photographie les habitants dans le cadre de son doctorat en anthropologie et sociologie à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Camilo L., photographe colombien, photographie les habitants dans le cadre de son doctorat en anthropologie et sociologie à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS)

    Chez elle, au Brésil, « ce serait presque choquant d’aller jusqu’au master 2 sans conclure ses études par un doctorat », explique Julia Thomaz, étudiante en doctorat à l’université de Paris-Nanterre. Le sujet de la thèse qu’elle est en train d’achever – qui étudie la poésie dans le contexte des conflits armés - l’a menée en France, de l’anthropologie à un master d’histoire des civilisations à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), jusqu’au doctorat en lettres. « Ces changements de discipline peuvent paraître atypiques, mais je me suis juste laissée guider par le sujet de ma thèse », souligne Julia. Le concours doctoral est très sélectif ; le profil du candidat et le sujet de sa thèse sont « observés de très près », mais une admission est synonyme d’un véritable début de carrière : « Vous obtenez un financement de votre thèse pendant trois ans et êtes dès lors considéré comme un vrai salarié », souligne-t-elle.

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    étudiants
    C’est le nombre de doctorants en France
    Ministère

    Un profil spécial, à la fois étudiant, enseignant, et chercheur professionnel. Certes, il vaut mieux être organisé : « c’est l’une des clés pour parvenir à mener les différents aspects du travail à bien », mais, pour Julia Thomaz, « il faut surtout éviter l’élitisme intellectuel. Non, il ne faut pas être le plus intelligent du monde pour faire de la recherche. Si vous vous réveillez un matin avec une question à laquelle personne ne peut vous répondre, alors vous devenez chercheur. »

    Attirer les étudiants

    Le contrat doctoral prévoit que, pendant les trois ans, les cinq sixièmes de votre temps doivent être consacrés à votre thèse, et le sixième restant être dédié à d’autres activités, comme l’enseignement, mission de valorisation de la recherche, mission de conseil aux entreprises ou collectivités… Le tout avec un salaire minimum de 1769 euros brut mensuels. Assez peu, à ce niveau d’études. Mai Romain Zerbib, enseignant-chercheur à l’ICD Business school conseille de voir plus loin : « La méthodologie que vous apprenez au cours de votre doctorat intéresse des entreprises de plus en plus confrontées à la complexité. Elles ont besoin du regard et de l’acuité des doctorants et reconnaissent la valeur ajoutée de leur approche », estime-t-il. D’où l’intérêt croissant de ces dernières pour les contrats Cifre, dispositif dans lequel une entreprise sollicite un doctorant pour étudier une problématique précise. Celui-ci dédiera ainsi 3 jours par semaine à l’entreprise, et deux à sa thèse, avec un salaire, lui, négociable.

    « Un formidable ascenseur social »

    3 questions à Pierre Mutzenhardt, président de la commission recherche et innovation de la CPU (Conférence des présidents d’université)

    On a rarement parlé autant de recherche que cette année. Prévoyez-vous un bond ces candidatures ?

    Je ne me hasarderai pas à faire ce type de prévision, mais nous aimerions tous beaucoup accueillir davantage d’étudiants dans nos laboratoires ! L’actualité a, certes, mis la recherche biomédicale sur le devant de la scène, mais la société a besoin de former des chercheurs dans toutes les disciplines.

    Lesquelles ?

    Nous vivons dans un monde de transition – environnementale, sociétale, digitale… - et avons plus que jamais besoin d’une recherche indépendante qui s’intéresse à ces phénomènes. Les enjeux sont gigantesques, et requiert de la vision, de la passion... Nous devons œuvrer à ce que le doctorat soit mieux identifié par les étudiants.

    Comment faire ?

    En expliquant aux jeunes que les parcours de recherche, au lieu d’être élitiste, est plutôt un formidable ascenseur social. Dans beaucoup de pays, la recherche est vue comme une voie d’excellence, précisément parce qu’elle ne dépend que de vous, de votre travail et de votre vision. A nous de répéter aux jeunes que chercheur est un métier passionnant, pour quiconque a envie de comprendre, découvrir, et voir ses découvertes appliquées par la société.

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