Parcoursup : comment se fait la sélection des étudiants ?

Cinquante nuances de sélections, comment la sélection est-elle faite dans les universités ?

Frederic Dardel President de l'Universite Paris V regarde les dossiers Parcoursup Crédit photo : Philippe Lavieille
Frederic Dardel President de l'Universite Paris V regarde les dossiers Parcoursup Crédit photo : Philippe Lavieille

    Les facs classent actuellement les candidatures des futurs étudiants. Qui décide qui sera pris ? Comment gérer la pénurie de places ? D’un campus à l’autre, la règle du jeu change.

    Voici 6 cas de sélection pour l'entrée à la fac à la rentrée prochaine...

    Le lycée d’origine compte

    Université Paris-Descartes, Paces (études de santé) : 13000 dossiers/1450 places

    Une majorité des lycéens d’Ile-de-France qui se rêvent en blouse blanche ont tenté leur chance à Paris-Descartes, star de la discipline. Pas question pour autant de les accueillir tous : « Ne serait-ce qu’en termes de mètres carrés, c’est impossible », tranche le président de la fac, Frédéric Dardel. Le classement, par les enseignants de médecine, était « presque fini » en fin de semaine. Leur sélection a pris en compte les notes mais aussi… le taux moyen de réussite au bac dans le lycée d’origine des candidats. Les jeunes issus de pépinières à élite qui caracolent à 100 % se verront ainsi gratifiés d’un bonus. Un critère très contesté tant il risque d’accentuer les inégalités sociales entre les étudiants. Frédéric Dardel s’en défend, assurant qu’il ne cherche qu’à « compenser le fait que les établissements ne notent pas tous avec la même exigence ». Preuve de sa bonne foi, ajoute- t-il, un coup de pouce sera aussi accordé aux élèves d’établissements défavorisés partenaires de l’université. Cette année, six lycées de la couronne parisienne sont concernés.

    Un logiciel maison fondé sur les notes

    Université Paris-Descartes, Écogestion : 12 000 dossiers/240 places

    Dans cette discipline où la statistique est reine, les professeurs ont inventé leur propre logiciel pour classer les candidats. Ils ont comparé les résultats aux partiels de leurs élèves actuels de licence avec les moyennes que ces derniers obtenaient l’an dernier quand ils étaient encore lycéens. Sur cette base, ils ont concocté un savant « modèle prédictif » de réussite, essentiellement basé sur les notes. Mais les lettres de motivation ont aussi été épluchées, avec quelques surprises au tournant. Ainsi de cette candidate qui vante les mérites incomparables de la faculté d’Orsay… dans sa lettre à Paris-Descartes. « Une erreur de copier-coller », suppose le président de la fac qui songe à lancer une collection de « perles de Parcoursup ».

    Le président de la fac s’y colle

    Université Paris-Descartes, Sciences de l’éducation : 3000 dossiers / 80 places

    Dans ce département qui forme les futurs professeurs des écoles, les enseignants ont refusé de constituer une commission chargée de trier les dossiers. Une procédure contraire, selon eux, aux principes de l’université censée accueillir tous les bacheliers. Résultat : c’est le président de l’université, responsable de l’application de la loi, qui s’y colle avec deux adjoints. Frédéric Dardel a commencé à élaguer, à grands coups de tableau Excel, éliminant d’office « ceux qui ont moins de 7/20 de moyenne en français, en histoire-géo et en anglais, et qui n’ont suivi aucun cours ou option scientifique en 1ère ». Plus de 2 000 dossiers sont ainsi tombés droit dans la poubelle. Sur les 900 restant, seuls 250 émanent des académies de recrutement de la fac, Paris et Versailles. « Je regarderai attentivement ces 250 dossiers-là », promet le président.

    En sport, la même règle du jeu

    Université Paris Est Créteil (Upec), Staps : 6 000 dossiers/300 places réparties sur deux sites à Créteil et Sénart

    Staps est un cursus très couru : c’est dans les études de sport qu’a dû être instauré, ces dernières années, un tirage au sort, faute, jusque-là, de critère légal pour départager les jeunes trop nombreux sur la ligne de départ. La réforme Vidal, qui autorise le tri des étudiants sur des critères scolaires, a sifflé la fin de l’aléatoire. Les Staps de toute la France se sont accordées sur quatre critères : les notes en sciences, les notes dans les matières littéraires, les résultats sportifs et l’engagement citoyen ou associatif. « Un sportif de haut niveau aura le même bonus qu’un scientifique avec 18/20 de moyenne en maths ou qu’un jeune pompier volontaire », détaille Didier Delignières, le doyen des facultés de Staps. Un barème contesté, « mais qui a le mérite de rendre la situation bien plus juste », estime Thierry Maquet, le directeur de la filière à l’université de Créteil. Dans son UFR, une quinzaine de profs se sont attelés à l’examen des 6 000 dossiers. Un exercice moins fastidieux qu’attendu : les candidats sont « trois fois moins nombreux » que l’an dernier. Un effet, suppose Thierry Maquet, « de la meilleure information des jeunes sur le contenu de la formation ». Une partie pourrait s’être reportée sur le brevet professionnel jeunesse et sport, un diplôme de niveau bac moins exigeant, qui forme des animateurs.

    Tout le monde 1er ex-aequo

    Rouen (Seine-Maritime), Licence de sciences physiques : 350 dossiers/200 places

    A l’université de Rouen, où la contestation contre la réforme Vidal a provoqué blocages et assemblées générales ces dernières semaines, « notre solution a été acceptée le jour où des élèves se sont mis à bloquer les locaux de la présidence de l’université », relève avec gourmandise Pierre- Emmanuel Berche. Ce maître de conférences scientifique, syndiqué au Snesup-FSU, a refusé avec ses collègues de classer les 350 candidats à la licence de sciences physiques. La commission a préféré couronner tous les dossiers premiers ex aequo, sans les ouvrir ! Une manière d’empêcher l’entrée du loup de la sélection dans la bergerie universitaire. « Un principe de réalité aussi », argumente l’enseignant. « Quelle est l’utilité de trier des candidatures, là où on sait pertinemment qu’il y aura de la place pour tous ceux qui souhaitent venir ? » Avec un peu moins de 2 chaises pour 3 postulants, le suspense n’est guère insoutenable : le jeu des désistements des jeunes reçus dans plusieurs formations exercera un écrémage naturel, et il y aura peut-être même des sièges vides dans l’amphi en septembre. Mais, avant même que les faits ne confirment la tendance, « on peut d’ores et déjà rassurer les lycéens, se réjouit Pierre-Emmanuel Berche. On leur garantit la bienvenue dans notre licence quel que soit leur profil. Nous sommes contents d’avoir obtenu cette concession du ministère ». Il ajoute : « En quelque sorte, Parcoursup ne s’appliquera pas chez nous. »

    (Petit) rab de places

    IUT de l’Allier : 6 800 dossiers/516 places à Montluçon, Moulins et Vichy

    La population chute dans l’Allier… sauf dans son IUT : l’institut universitaire, qui dépend de la fac de Clermont-Ferrand, enregistre des candidatures en hausse de 34 %. Un mouvement en phase avec l’attrait massif au niveau national des élèves, y compris les plus brillants, pour ces filières initialement conçues comme la continuation des lycées technologiques. Dans ces cursus sélectifs, comme les BTS ou les classes prépas, la réforme Parcoursup ne change pas la sélection des dossiers : elle existait déjà au temps d’APB (ancêtre de Parcoursup). L’enjeu, ici, est plutôt de pousser les murs : l’an dernier, il y avait en France deux fois moins de places en IUT que de candidats ayant classé cette filière comme leur premier choix. Cette année, le gouvernement leur a accordé une enveloppe. Ainsi, dans celui de l’Allier, une deuxième classe va être créée dans le nouveau département d’Infocom. Il y aura 56 places au lieu de 28… pour 2 250 candidats ! La directrice, Cécile Charasse, en convient : « Une partie des élèves classés, c’est-à-dire ceux dont on estime qu’ils seraient en capacité de réussir chez nous, ne pourront pas être pris. »

    Le guide étape par étape Parcoursup 2024

    Inscription et saisie des vœux : 17 janvier au 14 mars

    Compléter et confirmer ses vœux : 14 mars au 3 avril

    Phase d’admission/réponses : 30 mai au 12 juillet

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