Logement étudiant. Pourquoi est-il toujours aussi difficile de louer à Paris ?

« 80 % de la demande se concentre sur 20 % des biens. » Studio, 2 pièces... quels sont les biens les plus prisés, et les quartiers les plus recherchés à Paris.

Logement étudiant. Pourquoi est-il toujours aussi difficile de louer à Paris ?

    Les chiffres de Louer Agile, que révèle Le Parisien, montrent un marché locatif parisien sous tension. Et pour cause : tout le monde se retrouve, en cette période de rentrée universitaire, à chercher un toit en même temps.

    « 80 % de la demande se concentre sur 20 % des biens. » Le constat de Marc Lebel, cofondateur de Louer Agile, résume pourquoi il est si compliqué de trouver un appartement à Paris. La start-up, qui agrège les petites annonces de tous les portails afin d'alerter ceux qui recherchent un logement, a analysé ses chiffres. En moyenne, à Paris, un seul bien mis en location recevait, fin août, 6,5 demandes… Dans ces conditions, la compétition est féroce.

    La star reste le studio

    Le studio est logiquement le plus recherché, en cette période de rentrée universitaire. À l'échelle de Paris, un seul studio compte en moyenne 8,9 demandes, le deux-pièces 7,3 et 6,9 pour le trois-pièces, porté par les colocations. La balance revient à l'équilibre (1,2) avec les quatre-pièces et plus. « Il n'y a pas un problème de tension offre/demande, assure Alexis Alban, directeur général adjoint chez Lodgis. Mais plutôt une tension sur le fait que tout le monde veut le même appartement au même moment. »

    Aimie, qui vient entamer des études à Paris, en sait quelque chose. Début août, elle s'était lancée dans la recherche d'un appartement dans la capitale. « J'ai appelé un propriétaire pour un meublé pour lequel j'avais vu une annonce, il m'a dit qu'il y avait une longue liste d'attente et une semaine après, il n'y était déjà plus », explique-t-elle. Aimie a rapidement abandonné l'idée de trouver un appart via les sites des petites annonces et a fait jouer ses connaissances.

    «On cherchait tous la même chose»

    Laura (prénom d'emprunt), 24 ans, a fait une dizaine de visites depuis début août. Toutes sans succès. « On était tous étudiants, on avait tous le même profil et on cherchait tous la même chose », raconte-t-elle. La jeune femme, qui s'était inscrite à cinq systèmes d'alerte, ne compte plus le nombre de messages envoyés sans réponse… Elle a finalement trouvé un coquet studio à Gentilly (Val-de-Marne), « à quinze minutes du centre de Paris en RER B ».

    Depuis quelques jours, Frédéric multiplie, lui, les appels et messages pour trouver un appartement pour sa fille dans la capitale. « Dès qu'on appelle, c'est déjà pris », explique-t-il. Et de raconter un appel avec une propriétaire : « Quand je l'ai appelée, j'ai eu l'impression que c'était son 1000 e coup de fil. Elle m'a dit que l'appartement était déjà loué. » « On ne passe même pas le cap de la visite ou de l'envoi du dossier, déplore ce père de famille. On ne nous répond pas ou on nous dit que c'est trop tard. »

    Des arrondissements plus tendus que d'autres

    « Trois arrondissements se détachent nettement », constate Marc Lebel. Ainsi, les appartements dans les IXe, XIe et XIIe arrondissements ont entre 9,4 et 11,8 demandes chacun. Un nombre qui monte jusqu'à 14,4 dans le XIIe quand on regarde seulement les studios et deux-pièces. « Ce sont des arrondissements étudiants, avec une forte densification de métro, donc très recherchés », explique Marc Lebel.

    À l'inverse, d'autres arrondissements ne concentrent que peu de demandes. « Ce sont plus des quartiers familiaux qui attirent moins les étudiants », décrypte Marc Lebel. Ainsi, le XVIe arrondissement est celui qui compte le moins de demandes par bien (1,9) et « seulement » 3,9 demandes pour les studios. Le cofondateur de Louer Agile le remarque : « Dans les critères de recherche, les candidats mettent généralement tout Paris. Mais ils ne cliquent le plus souvent que sur les arrondissements à l'est… »

    Ces moyennes ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Certaines petites annonces reçoivent plusieurs centaines de messages dès qu'elles sont postées. Chez Lodgis, « quelques annonces ne sont même pas postées en ligne car on recevrait trop de messages », avoue Alexis Alban. « Un appartement meublé avec Internet, lave-linge et sèche-linge peut s'en aller très vite », explique-t-il. Selon les données Louer Agile, dès qu'une alerte est envoyée, le temps moyen de contact pour les biens les plus demandés est de… 50 secondes !

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    Mais attention, prévient Marc Lebel, « si le marché est sous tension, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de marché ». Autrement dit : si un appartement est surévalué, il mettra du temps à partir ou… ne partira pas. « On parle beaucoup des propriétaires qui sont harcelés de messages, avec des biens qui partent en quelques minutes, mais même à Paris il y a des biens vides car ils ne sont pas au bon prix », ajoute le cofondateur de Louer Agile.

    Un marché détendu grâce au coronavirus ?

    Si le marché est tendu, il le serait moins qu'auparavant, selon certains. Pourquoi? Grâce au Covid-19. « Nous avons trois plus d'offres qu'il y a un an », explique Alexis Alban. Un « plus » qui s'explique, selon lui, par le retour sur le marché de biens loués jusqu'à la crise sur des plateformes de location saisonnière, mais aussi par une abondance d'appartements libérés pendant le confinement par des étudiants rentrés chez leurs parents.

    Un constat que l'on ne fait pas chez Laforêt où on relève sur le mois d'août une offre « qui régresse de 6 % et une demande qui progresse de 14 % ». « Les étudiants de plusieurs filières ont su plus tôt s'ils avaient obtenu leur baccalauréat et ceux qui avaient rendu leurs logements durant le confinement sont arrivés sur le marché de la location avec un mois d'avance, analyse Yann Jehanno, le patron du réseau immobilier. En parallèle, certains candidats à l'acquisition se sont rabattus sur le parc locatif. La tension locative s'est donc exacerbée. »

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